Pages

vendredi 5 mars 2010

CHAPITRE 7

Les jours passent et je ne peux m’empêcher de penser à elle. Je suis envahie par son image, quoique je fasse... Le soir, j’attends son appel quotidien avec impatience. C’est devenu une habitude. Je me cache dans les toilettes de mon studio pour ne pas que mon ex entende mes rires mielleux et ne voit mon visage s’illuminer. Quand j’entends sa voix, je suis bien, mais je m’interroge toujours sur son ressenti. Je repense aussi à ce qu’on s’est dit, assises sur ce muret… Maxine, elle, n’en parle plus. Elle est réellement mystérieuse pour moi, rien ne peut transparaître. D’ailleurs, fidèle à son caractère, elle a pris le parti de ne pas dire à Adèle que je lui ai tout expliqué. ça m'impressionne beaucoup car les personnes capables de garder un secret se font si rares...

Pendant que mes sentiments continuent à prendre le pas sur ma raison, Adèle, elle, déverse sa tristesse et son mal-être lors de nos conversations virtuelles. C'est assez déroutant de voir à quel point elle me parle de son intimité. Je suis, malgré moi, devenue la confidente de ses malheurs. Elle me raconte tout ce qui se passe, sa souffrance face à la distance et l’indifférence de Maxine qui ne lui promet rien. Elle se sent devenir folle. Je l’écoute, j’ai de la peine pour elle, je me sens coupable aussi… Et je me demande si je ne vais pas subir le même sort… En tout cas, Maxine ne m’aime peut-être pas, mais elle n’aime pas non plus cette fille… C’est la seule idée qui me console un peu.

Pendant quelques semaines, nous nous voyons régulièrement.

C’est l’époque de la coupe du monde de football, Maxine n’est pas une fan invétérée de ce sport mais trouve que c’est une chouette occasion pour se retrouver. Elle me propose de venir regarder un match avec sa bande de copines et plus précisément chez Romy. Un peu réticente, j’accepte tout de même l’invitation… Maxine me dit qu’on devrait se retrouver avant, vers 15h à la bouche de métro près de chez Romy. J’accepte.

Le jour J, j’arrive à l’heure pile. Ma belle n’est pas encore là. Je me demande ce qu’on va faire en cet après-midi ensoleillé. Tout à coup, je l’aperçois, au loin, qui se dirige vers moi. Je tente de garder mon calme malgré ma gène persistante.

Maxine : Salut, ça va ?
Moi : Salut, oui ça va et toi ?
Maxine : Très bien ! Allez, suis-moi !
Moi : On va ou ?
Maxine : Tu vas voir !

Je m’exécute, intriguée. Ou peut-elle bien m’emmener ? Elle s’arrête devant une petite voiture bleu marine.

Maxine : Grimpe !

Je monte dans la voiture. Elle est silencieuse mais sait très bien où elle va, quelques minutes plus tard, j’aperçois l’enseigne d’un zoo parisien…

Moi : On va au zoo !?

Maxine savait que j’aime les animaux et que je n’ai jamais eu l’occasion de visiter ce zoo ! Elle a voulu me faire plaisir, et c’est réussi. J’ai du mal à exprimer mes émotions, je lui souris timidement en guise de remerciements. On est restées 2h à arpenter les allées. J’étais enchantée d’être là. Mais ce qui me ravissait le plus, c’était qu’elle avait voulu me faire plaisir…

Après cette balade, nous décidons de nous allonger dans un parc avant de nous rendre chez Romy. Comme d’habitude, Maxine est calme, elle se dore au soleil, les yeux fermés. J’en profite pour la regarder. J’ai envie de me retrouver dans ses bras. Ou alors, je m’imagine poser mes lèvres sur les siennes doucement. Les scénarios les plus fous traversent mon esprit. Mais évidemment, mon attitude était tout autre. Depuis que je lui avais prétendu que je voulais être son amie, je lui racontais que je cherchais uniquement des plans d’un soir, ou des PQR (Plans Cul Réguliers, c’est elle qui m’a appris cette expression amusante). Je lui disais que je ne voulais rien de sérieux. D’ailleurs, pour plus de réalisme, j’avais repris contact avec une fille, Anaëlle, qui était sur la même longueur d’onde que moi et ne cherchait rien de sérieux. Ainsi, je m’attelais à rendre jalouse ma dulcinée avec Anaëlle du mieux que je pouvais.

Moi : Bon, sinon, ça va ?
Maxine : Oui et toi ? Ah et au fait avec la chelou, ça avance !?

Elle parle d’Anaëlle et l’appelle ainsi car je lui avais raconté que nous nous connaissions peu mais qu’on s’égueulait déjà beaucoup. On avait failli se planter dix minutes après s’être retrouvées dans un bar de la capitale… Mais que Maxine me pose la question de cette façon m’énervait ! J’ai l’impression d’être une pote et que mes histoires l’amusent beaucoup… ça me rend triste mais je ne perds pas ma stratégie de vue : la rendre jalouse !

Moi : bah, elle est sympa, elle a un drôle de caractère mais je ne cherche rien d’autre donc c’est cool… je t’ai dit qu’elle était en thèse d’histoire ?

Mon téléphone se met à sonner et annonce un texto. C’est justement Anaëlle… Elle, qui m’écrit si peu, quelle belle coïncidence ! Je saisis immédiatement l’occasion !

Moi : Bah tiens, justement c’est elle, je dois bientôt la voir, elle s’impatiente…

Maxine se tut et s’allongea à nouveau dans l’herbe.

En fin d’après-midi, on commence à entendre les supporters de la France s’agiter et klaxonner dans les rues, le match va commencer, on décide alors de se rendre enfin chez Romy pour le match. La première personne que j’aperçois en arrivant est Adèle en compagnie de deux autres amies que j’ai entrevu une ou deux fois. Elle se comporte comme si on se connaissait à peine pour ne pas éveiller les soupçons de Maxine. Je lui rends la pareille. Romy, elle, est dans son monde, et ne se montre pas du tout hostile avec moi. Elle me met à l’aise. Je m’installe d’emblée à côté de Maxine dans le divan. Je l’observe avec Romy, je remarque qu’elles ont l’air de bien se connaitre, et c’est comme si Maxine était un peu chez elle… ça ne me plait guère, toutefois elle reste près de moi et c'est bien là l'essentiel à mes yeux. On rit beaucoup en regardant les copines d’Adèle qui hurlent quand Henry manque un but. Plus tard, On s’éclipse un peu dans la cuisine pour dévorer quelques tranches de pain tartinées de pâte au chocolat. Je me sens bien, comme d’hab. J’aime sa fraicheur. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et le match se finit, la France a gagné. Les filles sont heureuses et veulent sortir mais moi je décide de rentrer tôt et Maxine m’accompagne jusqu’à la bouche de métro…

Maxine : Bon, et bien, c’était chouette de te voir, rentre bien.
Moi : m’approchant d’elle : merci beaucoup, ça m’a fait plaisir…

Je lui fais la bise et m’engouffre immédiatement dans les escaliers, bien trop timide pour soutenir son regard et terrifiée à l’idée qu’elle puisse lire en moi le désir d’un long baiser qui m’animait. Je ne me suis pas retournée… Une fois assise dans le métro, je me demande ou tout cela va me mener. Elle a voulu me faire plaisir en m’emmenant au zoo, elle me fait rire, elle reste près de moi quand nous sommes en groupe, mais jamais elle n’a un simple geste d’affection, ou un regard un peu plus soutenu… Jamais, elle ne me parle de sa situation et de ses nombreuses petites copines ! Elle pourrait essayer de me rassurer de façon détournée, en me disant qu’elle ne les aime plus, par exemple ! En même temps, je ne lui pose aucune question car j’estime que ça doit venir d’elle… Et j’ai l’impression que je suis transparente, que mon désir pour elle ne peut que se ressentir ! Mais qu’est-ce que je fabrique ??? Pourquoi je me jette à « cœur perdu » dans cette histoire ? Peut-être que c’est parce que je sais qu’elle ne me mènera nulle part… et qu’inconsciemment je ne veux pas être heureuse…De toute façon, je ne fais que reproduire ce schéma selon lequel je dois choisir une femme qui ne m’aime pas, qui se fout de moi et qui me manipule…

Le métro s’arrête, je m’allume une cigarette, les larmes aux yeux et envahie par un profond sentiment de solitude et mélangé à de la tristesse...

3 commentaires: