Pages

vendredi 5 mars 2010

CHAPITRE 7

Les jours passent et je ne peux m’empêcher de penser à elle. Je suis envahie par son image, quoique je fasse... Le soir, j’attends son appel quotidien avec impatience. C’est devenu une habitude. Je me cache dans les toilettes de mon studio pour ne pas que mon ex entende mes rires mielleux et ne voit mon visage s’illuminer. Quand j’entends sa voix, je suis bien, mais je m’interroge toujours sur son ressenti. Je repense aussi à ce qu’on s’est dit, assises sur ce muret… Maxine, elle, n’en parle plus. Elle est réellement mystérieuse pour moi, rien ne peut transparaître. D’ailleurs, fidèle à son caractère, elle a pris le parti de ne pas dire à Adèle que je lui ai tout expliqué. ça m'impressionne beaucoup car les personnes capables de garder un secret se font si rares...

Pendant que mes sentiments continuent à prendre le pas sur ma raison, Adèle, elle, déverse sa tristesse et son mal-être lors de nos conversations virtuelles. C'est assez déroutant de voir à quel point elle me parle de son intimité. Je suis, malgré moi, devenue la confidente de ses malheurs. Elle me raconte tout ce qui se passe, sa souffrance face à la distance et l’indifférence de Maxine qui ne lui promet rien. Elle se sent devenir folle. Je l’écoute, j’ai de la peine pour elle, je me sens coupable aussi… Et je me demande si je ne vais pas subir le même sort… En tout cas, Maxine ne m’aime peut-être pas, mais elle n’aime pas non plus cette fille… C’est la seule idée qui me console un peu.

Pendant quelques semaines, nous nous voyons régulièrement.

C’est l’époque de la coupe du monde de football, Maxine n’est pas une fan invétérée de ce sport mais trouve que c’est une chouette occasion pour se retrouver. Elle me propose de venir regarder un match avec sa bande de copines et plus précisément chez Romy. Un peu réticente, j’accepte tout de même l’invitation… Maxine me dit qu’on devrait se retrouver avant, vers 15h à la bouche de métro près de chez Romy. J’accepte.

Le jour J, j’arrive à l’heure pile. Ma belle n’est pas encore là. Je me demande ce qu’on va faire en cet après-midi ensoleillé. Tout à coup, je l’aperçois, au loin, qui se dirige vers moi. Je tente de garder mon calme malgré ma gène persistante.

Maxine : Salut, ça va ?
Moi : Salut, oui ça va et toi ?
Maxine : Très bien ! Allez, suis-moi !
Moi : On va ou ?
Maxine : Tu vas voir !

Je m’exécute, intriguée. Ou peut-elle bien m’emmener ? Elle s’arrête devant une petite voiture bleu marine.

Maxine : Grimpe !

Je monte dans la voiture. Elle est silencieuse mais sait très bien où elle va, quelques minutes plus tard, j’aperçois l’enseigne d’un zoo parisien…

Moi : On va au zoo !?

Maxine savait que j’aime les animaux et que je n’ai jamais eu l’occasion de visiter ce zoo ! Elle a voulu me faire plaisir, et c’est réussi. J’ai du mal à exprimer mes émotions, je lui souris timidement en guise de remerciements. On est restées 2h à arpenter les allées. J’étais enchantée d’être là. Mais ce qui me ravissait le plus, c’était qu’elle avait voulu me faire plaisir…

Après cette balade, nous décidons de nous allonger dans un parc avant de nous rendre chez Romy. Comme d’habitude, Maxine est calme, elle se dore au soleil, les yeux fermés. J’en profite pour la regarder. J’ai envie de me retrouver dans ses bras. Ou alors, je m’imagine poser mes lèvres sur les siennes doucement. Les scénarios les plus fous traversent mon esprit. Mais évidemment, mon attitude était tout autre. Depuis que je lui avais prétendu que je voulais être son amie, je lui racontais que je cherchais uniquement des plans d’un soir, ou des PQR (Plans Cul Réguliers, c’est elle qui m’a appris cette expression amusante). Je lui disais que je ne voulais rien de sérieux. D’ailleurs, pour plus de réalisme, j’avais repris contact avec une fille, Anaëlle, qui était sur la même longueur d’onde que moi et ne cherchait rien de sérieux. Ainsi, je m’attelais à rendre jalouse ma dulcinée avec Anaëlle du mieux que je pouvais.

Moi : Bon, sinon, ça va ?
Maxine : Oui et toi ? Ah et au fait avec la chelou, ça avance !?

Elle parle d’Anaëlle et l’appelle ainsi car je lui avais raconté que nous nous connaissions peu mais qu’on s’égueulait déjà beaucoup. On avait failli se planter dix minutes après s’être retrouvées dans un bar de la capitale… Mais que Maxine me pose la question de cette façon m’énervait ! J’ai l’impression d’être une pote et que mes histoires l’amusent beaucoup… ça me rend triste mais je ne perds pas ma stratégie de vue : la rendre jalouse !

Moi : bah, elle est sympa, elle a un drôle de caractère mais je ne cherche rien d’autre donc c’est cool… je t’ai dit qu’elle était en thèse d’histoire ?

Mon téléphone se met à sonner et annonce un texto. C’est justement Anaëlle… Elle, qui m’écrit si peu, quelle belle coïncidence ! Je saisis immédiatement l’occasion !

Moi : Bah tiens, justement c’est elle, je dois bientôt la voir, elle s’impatiente…

Maxine se tut et s’allongea à nouveau dans l’herbe.

En fin d’après-midi, on commence à entendre les supporters de la France s’agiter et klaxonner dans les rues, le match va commencer, on décide alors de se rendre enfin chez Romy pour le match. La première personne que j’aperçois en arrivant est Adèle en compagnie de deux autres amies que j’ai entrevu une ou deux fois. Elle se comporte comme si on se connaissait à peine pour ne pas éveiller les soupçons de Maxine. Je lui rends la pareille. Romy, elle, est dans son monde, et ne se montre pas du tout hostile avec moi. Elle me met à l’aise. Je m’installe d’emblée à côté de Maxine dans le divan. Je l’observe avec Romy, je remarque qu’elles ont l’air de bien se connaitre, et c’est comme si Maxine était un peu chez elle… ça ne me plait guère, toutefois elle reste près de moi et c'est bien là l'essentiel à mes yeux. On rit beaucoup en regardant les copines d’Adèle qui hurlent quand Henry manque un but. Plus tard, On s’éclipse un peu dans la cuisine pour dévorer quelques tranches de pain tartinées de pâte au chocolat. Je me sens bien, comme d’hab. J’aime sa fraicheur. Mais toutes les bonnes choses ont une fin et le match se finit, la France a gagné. Les filles sont heureuses et veulent sortir mais moi je décide de rentrer tôt et Maxine m’accompagne jusqu’à la bouche de métro…

Maxine : Bon, et bien, c’était chouette de te voir, rentre bien.
Moi : m’approchant d’elle : merci beaucoup, ça m’a fait plaisir…

Je lui fais la bise et m’engouffre immédiatement dans les escaliers, bien trop timide pour soutenir son regard et terrifiée à l’idée qu’elle puisse lire en moi le désir d’un long baiser qui m’animait. Je ne me suis pas retournée… Une fois assise dans le métro, je me demande ou tout cela va me mener. Elle a voulu me faire plaisir en m’emmenant au zoo, elle me fait rire, elle reste près de moi quand nous sommes en groupe, mais jamais elle n’a un simple geste d’affection, ou un regard un peu plus soutenu… Jamais, elle ne me parle de sa situation et de ses nombreuses petites copines ! Elle pourrait essayer de me rassurer de façon détournée, en me disant qu’elle ne les aime plus, par exemple ! En même temps, je ne lui pose aucune question car j’estime que ça doit venir d’elle… Et j’ai l’impression que je suis transparente, que mon désir pour elle ne peut que se ressentir ! Mais qu’est-ce que je fabrique ??? Pourquoi je me jette à « cœur perdu » dans cette histoire ? Peut-être que c’est parce que je sais qu’elle ne me mènera nulle part… et qu’inconsciemment je ne veux pas être heureuse…De toute façon, je ne fais que reproduire ce schéma selon lequel je dois choisir une femme qui ne m’aime pas, qui se fout de moi et qui me manipule…

Le métro s’arrête, je m’allume une cigarette, les larmes aux yeux et envahie par un profond sentiment de solitude et mélangé à de la tristesse...

samedi 1 août 2009

Réflexions 2 : la fusion dans le couple lesbien

Comme je l'avais expliqué dans ma première réflexion, j'ai relu le petit chapitre concernant le couple homosexuel féminin. Ce que j'en ai retenu personnellement, c'est que les filles lorsqu'elles s'engagent dans une relation amoureuse, ont une tendance à la fusion. En gros, elles finissent par se ressembler, s'échanger les fringues, le maquillage (ou le gel hein), etc. Elles font toutes leurs sorties ensemble, n'ont plus que des amis communs... Enfin, sans généraliser ou caricaturer, mais d'après l'auteur, des trois sortes de couples (gay, hétéro, lesbien), c'est celui dont les individus développent le moins d'activités sans l'autre...

Je pense que spontanément, on peut penser qu'un tel fonctionnement du couple est idéal : on partage tout, on s'aime tellement qu'on ne peut se séparer, qu'on en fait plus qu'un etc. Mais, en réalité, à terme, cela devient néfaste. C'est ce que dit l'auteur, mais c'est aussi ce que je pense. Je crois que c'est important de cultiver son jadrin secret, de se garder un espace pour soi, pour son individualité, pour avoir toujours quelque-chose à partager avec la femme qu'on aime et pour ne pas se perdre dans l'autre et finir par détruire son couple car il devient trop dangereux pour soi.

à méditer, je complèterai peut-être cet article plus tard. C'est l'avantage du blog !

vendredi 31 juillet 2009

CHAPITRE 6

J’ai décidé de donner des noms à mes personnages. J'ai procédé aux modifications dans les précédents chapitres.

M pour Maxine,
R pour Romy,
A pour Adèle et
D pour Dorine !

Le soir même de cette révélation, je décide de me rendre en province chez mes amis pour fêter la musique. J’arrive là-bas dépitée. Je ne peux pas m’empêcher d’y penser. Je ne comprends pas. Je n’en peux plus, je décide alors de lui dire le fond de ma pensée par texto, je savais que si je l’appelais, je ne parviendrais pas à dire ce que je pense.

Je réfléchis alors à ce que je vais lui dire. Je savais que mon coup de gueule n’était pas tout à fait légitime car la situation était ambigüe, à l’image de Maxine : elle ne m’avait rien promis mais rien démenti non plus. Je ne pouvais pas lui dire : pourquoi tu m’as fait croire que tu étais célibataire ? pourquoi tu m’as laissé m’attacher à toi alors que tu collectionnes les gonzesses comme des timbres ??? Non, je ne pouvais décemment pas… Adèle m’avait expliqué que Maxine voulait me caser avec une des filles de son groupe : Sophie. Je ne savais pas si Adèle me disait la vérité ou si elle cherchait à me faire croire que Maxine ne s’intéressait pas à moi. Quoi qu’il en soit, j’ai profité de cette histoire comme d’un prétexte pour me décharger sur celle qui occupait mon esprit à temps plein. L’inspiration ne se fait pas attendre :

« Salut ! Je n’ai pas besoin de toi pour me caser et que je me serais bien passée d’être le nouveau bout de bidoche que tu balances à tes potes célibataires !! ». Sa réaction ne s’est pas fait attendre. Elle me renvoie à son tour un sms laissant transparaître de la stupéfaction. « Quoi ??? Mais qu’est-ce que tu racontes, ce n’est pas de ma faute si tu plais à mes copines célibataires !! ». A vrai dire, sa réponse ne me satisfait pas… Evidemment, cela ne peut pas me satisfaire puisque je ne lui exprime pas réellement les causes de ma colère ! Bref. A son message, je réponds ni une, ni deux : « c’est ça continue de me prendre, pour une conne, j’adoooore ». Je me sens soulagée, mais au fond de moi, j’ai peur qu’elle me jette, qu’elle ne me réponde plus… La sonnerie de mon téléphone me signale pourtant un nouveau message… « Je suis désolée si tu le prends comme ça, mais je n’ai jamais voulu te prendre pour une conne… ». Que lui répondre ? Quelque part, sa réaction me fait plaisir… Mon téléphone se met à chanter, c’est Adèle ! Je décroche. Elle me demande des explications car Maxine lui a téléphoné furax il y a quelques instants !

Adèle : mais qu’est-ce que tu lui as dit ??
Moi : et bien qu’elle m’avait prise pour une conne en essayant de me refourguer comme un bout de barbaque à ses potes homos !
Adèle : Tu ne lui as rien dit d’autres ??
Moi : non, je t’ai promis de ne rien lui dire…
Adèle : bah en tout cas, ça a l’air de la faire grave chier que tu penses ça… elle était trop énervée sur moi ! Elle m’a demandé ce que je t’avais raconté.
Moi : je suis désolée, mais j’étais énervée. Tu as peut-être peur d’elle et de ses réactions, mais pas moi ! Je m’en tape, je déteste qu’on se paye ma tête…

Quel joli mensonge… En réalité, je me sens comme Adèle… J’ai vraiment peur de perdre Maxine, alors que je la connais à peine. Je tombe si rarement amoureuse que je n’ai pas envie de passer à côté d’une potentielle histoire… Je raccroche et décide de ne plus donner signe de vie à Maxine jusqu’à la fin de mon week-end en province. Je me sens forte de la laisser dans le silence, dans le doute, comme elle le fait peut-être avec moi. Je reprends un maigre contrôle de la situation…

De retour à Paris, je me connecte en espérant de tout cœur la voir connectée aussi… Je vois son pseudo s’afficher « MaXiNe » en ligne… Je me fais violence pour ne pas engager la conversation. Un risque qui paye puisqu’elle vient me parler après quelques minutes. Elle essaye d’en savoir plus et me fait part de son incompréhension au sujet à ma réaction. Je n’ai pas envie de lui parler de ça via un écran ! Et puis, elle me manque, ça fait déjà quelques jours que je ne l’ai pas vue… Je lui propose alors une explication en face à face. L’idée de la voir l’après-midi même me coupe l’appétit. On se donne RDV à Hôtel de ville. Lorsque je sors de la bouche de métro, je l’aperçois immédiatement (comme si j’avais un Maxineradar). Elle m’attend, la mine sombre, accoudée à une barrière… Mes viscères se contractent à mesure que je m’approche d’elle. C’est fou comme elle me trouble. Au fond de moi, je lui avais déjà pardonné. Elle ne m’avait rien promis, rien laissé entendre sur des éventuelles attirances, donc pas menti… Elle avait laissé planer un doute, joué la carte de l’ambiguïté… et de l’omission ! Bref… Elle avait chaussé ses rollers. Elle roulait divinement bien, ce qui ne me laissait décidément pas indifférente. Nous marchons, enfin je marche tandis qu’elle patine dans le silence, et après s’être installées sur un muret, je commence à m’expliquer.

Moi : Ecoute, Adèle m’a dit que tu voulais me caser avec l’autre. Tu te doutes qu’elle ne me plait pas non ??
Maxine : Je n’ai jamais eu l’intention de te caser avec elle. Ce n’est pas de ma faute si tu lui plais ! Si ?
Moi : Moui… Mais je sais pas, j’ai cru…

On se regarde, enfin furtivement car j’ai trop peur qu’elle devine mon désir pour elle. Son visage… ses lèvres, j’ai tellement envie d’y gouter… il faut que je me reprenne ! Je ne dois pas oublier que je suis sensée être en colère, moi !

Moi : Bon, puis, je dois t’avouer quelque-chose…

Maxine est si belle, si attirante que je décide de trahir Adèle et de tout raconter.

Moi : Puis, je suis au courant de ta situation : Adèle, Dorine et Romy…

Elle ne semble pas ébranlée par ma révélation, à vrai dire, je n’arrive pas à déceler comment elle reçoit ce que je viens de lui avouer. Elle devait probablement se douter que je le savais.

Maxine
: Oui, je sais, je suis dans la merde, je me suis enfoncée dans une situation qui ne me convient plus...

Je dois absolument lui montrer que ma colère n’était pas du à d’éventuels espoirs de ma part de construire une histoire avec elle. Je feins alors de la conseiller comme une pote voire même de me moquer un peu d’elle.

Moi : Oui, t’es un sacré numéro dis-donc ! T’es pas dans la merde, car la Adèle, elle est croc de toi ! T’es un vrai bourreau des cœurs, toi !

Elle n’est pas du genre à s’étaler sur ses sentiments, un autre silence s’installe, je reprends alors la conversation…

Moi : Puis bon, je dois t’avouer que ça m’a fait chier que tu ne m’en parles pas… Je n’ai pas compris pourquoi tu avais agi comme ça avec moi…

Je l’ai alors regardée, espérant très fort une réponse de sa part. Mais c’est à un mur que je me suis cognée… Elle n’a rien dit, il y avait juste le bruit de la ville… Moi, je n’ai pas trouvé le courage de lui dire qu’elle me plaisait, non seulement parce que j’avais bien trop peur de me prendre un vent, mais aussi parce que sa vie était déjà bien assez compliquée.

Toujours Moi : écoute, je ne te juge pas, on fait ce qu’on peut dans la vie. Je suis là pour toi si tu veux en parler (c’était pas gagné ça !). Tu sais, je n’ai pas d’amie lesbienne, il y a toujours une sorte d’ambigüité… Je serais ravie qu’on devienne amies toi et moi… Par contre, j’avais promis à Adèle de ne pas te le dire, donc si tu pouvais éviter de lui dire que je l’ai fait…

Maxine : Ne t’inquiètes pas, je ne dirai rien.

Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça, puisque précisément avec elle, c’était particulièrement ambigu… mais c’est tout ce que j’ai trouvé sur l’instant pour être au plus proche d’elle… si taciturne et renfermée sur ses émotions. On s’est quittée en bon terme. J’étais extrêmement soulagée du dénouement car j’avais compris une chose qui me rassurait, elle ne se présentait pas comme épanouie dans ses multiples relations amoureuses… Mais est-ce que c’était sincère ou juste une façon de me manipuler pour ajouter un petit "1" à son carnet de chasse ? j’allais le découvrir progressivement.

mardi 28 juillet 2009

CHAPITRE 5

Moi : lui expliquant ma première expérience au féminin : et toi ta première ?
Adèle. : Bah, euh, c’est Maxine… Tu ne dois pas être au courant. C’est pas Maxine qui t’en aurait parlé.

Un silence s’installe quelques instants. Cette conversation commence subitement à prendre un grand intérêt à mes yeux ! Ah bon !! Maxine est sortie avec elle, C’est ça son genre de fille…

Adèle. : T’es surprise là ?
Moi : Non pas du tout…
Adèle. : Je ne savais pas si elle te l’avait dit car elle ne veut pas s’afficher
Moi : Non elle ne m’a rien dit, tu n’arrives pas à décrocher, c’est ça ?
Adèle. : Bah on est encore ensemble, lol

Et à ce moment précis, tout s’écroule, je me décompose sur place, je hurle devant mon PC. C’est le choc. Même si je ne trouvais pas ma belle démonstrative, même si elle m’avait dit chercher des « potes », elle s’était présentée indirectement comme célibataire. Je lui en veux terriblement. Je dois revenir dans la conversation et ne pas montrer à Adèle que je suis affectée. Je lui dis toutefois être surprise car Maxine ne m’en a absolument pas parlé et que dans mon esprit elle était plutôt célibataire…

Moi. Bah ça me parait aberrant qu’elle ne m’en aie pas parlé, c’est généralement le genre de choses dont on parle quand on se présente, non ?
Adèle. ça c’est Maxine ! Et puis… moi je suis amoureuse, elle non… Surtout ne va pas lui dire que je t’ai dit ça ! Pourquoi je te l’ai dit d’ailleurs…
Moi : Mais pourquoi tu restes avec elle si elle ne t’aime pas ?
Adèle. ça viendra peut-être avec le temps…Mais elle t’a fait du rentre dedans ?
Moi : absolument pas !

Que dire d’autres ? Ce n’était pas complètement faux, à part maintenir un contact avec moi en me téléphonant tous les soirs, elle ne m’avait jamais fait d’allusion ou montrer d’intentions autres. Je voulais aussi qu'Adèle m’en dise plus. Et puis, elle ne m’a pas demandé si Maxine me plaisait… Elle m’explique ensuite son mal-être, elle souffre car elle sent que Maxine n’est pas aussi amoureuse qu’elle. Et quand Maxine veut rompre, elle la supplie à genoux de ne pas partir. C’est la première fois qu’elle ressent cela, elle fait des choses qui ne lui ressemblent pas pour Maxine. D’ailleurs, le simple fait d’être venue me parler est le résultat de la jalousie maladive qu’elle a développé. Elle voulait savoir si Maxine m’avait draguée. Je commence à éprouver de la compassion pour Adèle et à mettre dans mon collimateur ma belle… que je ne suis pas la seule à désirer si fort. Je me sens en pleine contradiction. Adèle, complètement perdue et pleine de regrets de n’avoir pas su se taire, me fait promettre de ne rien dire… Je lui jure, mais ça m’ennuie, car je suis en colère et j’aimerais lui en faire part ! Je sympathise avec Adèle car elle me fait réellement penser à moi quand je suis tombée amoureuse d’une fille pour la première fois. On s’interroge mutuellement sur ces filles qui sont capables de vous embrasser sans sentiments et qui nous font espérer par des comportements ambigus et interprétables positivement ou négativement. Ces filles qui aiment qu’on les aime mais qui n'aiment pas l'autre en tant que personne, mais juste l'amour de cette personne, c'est tellement valorisant... L'autre vient juste combler une faille, un désamour de soi. Bref, avec Adèle, On va probablement se rencontrer. De mon côté, je commence à assimiler Maxine à mon ex… Et cela amplifie mon désir pour elle malgré moi… Je sais que la situation s’engage mal, qu’elle peut me faire souffrir, mais irrésistiblement, cela m’attire. Avec Adèle, on se confie de plus en plus, je me livre un peu plus (sans jamais parlé de mon désir pour Maxine). De confidences en confidences, la conversation prend une tournure encore plus ahurissante…

Adèle Elle t’a dit qu’elle n’avait personne ou vous n’en avez jamais parlé
Moi : honnêtement, j’avais compris qu’elle n’avait personne…
Adèle : Oui, ça ne m’étonne pas. Tu vois Romy ?

Romy était une des filles présentes à la petite soirée de la tour Eiffel. Je l’ai à peine remarquée car elles étaient au moins 8 filles !

Moi : Oui celle avec les cheveux blonds ?
Adèle : Oui… C’est la première de M. Elles sont restées ensemble 2 ans. Et bien, même à elle, M. ne lui a pas dit que nous étions ensemble. Tu me promets de ne rien dire hein ?
Moi : oui ne t’inquiètes pas.
Adèle : ok… Donc, elle ne sait rien. Et puis, il y a une autre nana qui lui elle court après, c’est Dorine. Je les ai surprises une fois dans le marais, en train de s’embrasser. J’ai pété un cable mais tout intériorisé. J’en ai parlé à Maxine qui m’a répondu qu’elle ne ressentait plus rien pour elle. Moi je l’aime, je la crois…

Et bien, Maxine est un sacré numéro… Est-ce qu’elle voulait que je sois la prochaine sur la liste ? Cette idée génère de la colère mais aussi un désir encore plus fort. Je ne contrôle plus du tout ce que je ressens. Elle semble avoir besoin de séduire… et moi j’ai envie d’elle et de la « dompter », elle ne jouera pas comme ça avec moi. Parallèlement, je n’ai pas envie qu’elle se foute de moi ! Mais qu’est-ce que je raconte… je sortais à peine d’une histoire difficile (qui avait duré 3 ans !!!) que je me lançais déjà dans une autre ! Ce n’est pas possible, je dois retrouver la raison…

Moi : donc tu penses qu’elle continue à voir Dorine ?
Adèle. : Bah, je crois… Mais, Dorine se barre bientôt deux mois au Canada. Et honnêtement, j’ai pensé que Maxine voulait la remplacer par toi…

Comment on peut penser que les individus sont interchangeables ? Cette dernière phrase me met en colère contre Maxine, mais je ne le montre toujours pas à Adèle. Dans un élan de solidarité, je lui promets que je vais la soutenir… Elle se déconnecte.

Je me mets à réfléchir… et tout à coup, je réalise que la situation dont Maxine me parlait au passé était en réalité actuelle !!! Et je me remémore qu’elle m’avait dit qu’il lui était impossible d’avouer à l’une d’entre elles qu’elle l’avait trompée… Maxine avait trop peur de la détruire. Et s’il s’agissait de sa première… Romy ? Cela voudrait dire qu’elle sort encore avec Adèle, Dorine et Romy ??? Je spécule ensuite sur la façon dont elle s’est présentée à moi…c’est-à-dire comme célibataire. C’est peut-être parce que je lui plais un petit peu… Ou alors, elle est perverse et cherche vraiment un autre pion à manipuler… Mais à quoi joue-t-elle ? Dans quoi est-ce que je mets les pieds.. ? Je ne sais plus quoi penser, mais une chose est sûre, je suis encore plus troublée par cette fille si mystérieuse...

samedi 25 juillet 2009

CHAPITRE 4

Les jours suivants, nous continuons à discuter virtuellement. Elle se connecte au boulot. J’attends toujours qu’elle vienne me parler, ce qu’elle fait à chaque fois. De mon côté, je guette de plus en plus ses allers et venues sur le net… Je me surprends même à annuler des soirées pour rester connectée et lui parler. Je me dis que si elle savait ça, elle me prendrait pour une tarée… A dire vrai, j’avais moi-même honte, mais je ne pouvais m’en empêcher. Pourtant, je suis interrogative car son attitude n’est pas claire. Je ne la sens pas complètement dans un esprit amical, ni tout à fait dans une attitude de drague. En fait, je n’en sais rien. Je vois qu’elle ne veut pas perdre contact mais elle ne fait pas une seule allusion, rien de bien concret à quoi je pourrais m’accrocher. Et puis, une chose m’interpelle, lorsqu’elle se déconnecte, souvent, ce n’est pas pour se coucher, elle prépare un sac (je la vois grâce à la cam qu’on a pris l’innocente habitude de brancher), et s’en va. Elle ne dit rien. Visiblement, elle découche, mais ou va-t-elle ? Peut-être qu’elle ne découche pas d’ailleurs… Bref, je commence à me poser 1000 questions à son sujet. Elle est tellement différente de moi. Elle ne parle jamais de sa vie personnelle. Elle ne parle jamais de ses émotions actuelles. Elle ne me parle pas de ses problèmes, de ses doutes. Elle n’est pas comme les autres et cela m’attire de plus en plus. Pour la deuxième fois de ma vie, je commence à tomber à amoureuse d’une fille… Pourtant, je continue à fréquenter mon site de rencontre, et je lui dis dans le secret espoir de la rendre jalouse. Et si cette technique ne marche pas, au moins cela préservera mon amour propre et lui fera croire qu’elle ne m’intéresse pas non plus. Mais, de plus en plus, toutes mes pensées vont vers elle, elle m’obsède. Je me sens si bien dès qu’elle est là. Elle prend peu à peu l’habitude de me téléphoner le soir, tard, vraiment tard pour une amie… Elle me raconte des blagues, me taquine, me parle un peu de sa journée et c’est toujours le sourire aux lèvres que je raccroche. Le temps passe et je n’ai pas le temps de la voir en raison de mes examens à la fac. A ma très grande joie, après mes partiels, elle me suggère une nouvelle rencontre. Elle souhaite me présenter sa bande de copines. Mouais, pas très romantique. Je ne l’intéresse décidément pas. J’aime moyennement les groupes. De plus, il s’agissait là d’un groupe de lesbiennes, et cela me met encore plus mal à l’aise. Soit ! J’accepte. RDV à la tour Eiffel cette fois. Il est tard, il fait chaud et je stresse comme une folle. Non seulement, je vais voir ma belle (qui se contre-fout de mon existence…) et en plus je vais être confrontée à des homosexuelles qui se connaissent toutes ! L’horreur pour une grande timide comme moi ! Mais pour elle, je me lance…

J’arrive, elle m’accueille. (Toujours aussi rayonnante, détendue et drôle et en même temps impénétrable) Elle me présente chaque personne. Je n’ai d’yeux que pour elle. C’était la première fois depuis trois ans que je commençais à éprouver quelque chose du genre. Je n’aime pas perdre le contrôle de mes sentiments. Mais devant elle je fondais, je perdais littéralement mes moyens. Je la trouvais ravissante, intelligente et différente. Elle s’installe à mes côtés, j’affiche un sourire figé, mais rapidement quelques membres s’affèrent autour de moi pour faire ma connaissance. Tandis que d’autres la taquinent, ce qui m’irrite beaucoup je dois l’avouer. Ma visite fut brève étant dépendante des transports en commun. Je décide de partir. Je me lève, la regarde dans l’espoir qu’elle m’accompagne… Et non, escortée jusqu’au métro par ses amies et sans elle, je retourne bredouille… Quelques minutes plus tard, mon téléphone sonne, c’est elle qui m’écrit « c’était cool de te voir. Bisous ». C’est « cool » de me voir ? Je n’arrive pas à me contenter de ce maigre message et décide, courageusement de ne pas lui répondre.

Deux jours plus tard, une des filles que Maxine m’avait présentée lors de cette sortie, Adèle, me met dans sa liste de contact MSN. Elle vient me parler et me questionner longuement sur ma vie personnelle. Elle semble chercher des infos. Je la trouve intrusive…

vendredi 24 juillet 2009

CHAPITRE 3

C’est le début de la soirée et on se restaure dans une cantine lesbienne. Installées confortablement, je continue à l’observer, un vrai régal pour les yeux. Je commence à m’interroger sur sa vie sentimentale. Bon… elle cherche des potes… Elle doit avoir une copine, belle comme elle est… La meilleure façon de savoir serait d’aborder ma vie personnelle… Les gens se sentent souvent obligés de vous donner un peu de leur intimité quand ils ont gouté à la votre. Je me lance, je lui explique ma catastrophique histoire, mon unique coup de cœur pour une fille, la première. J’aborde brièvement ce que j’appelle « mon papillonnage » qui a suivi cette déception. Oui, la terrible chaîne de la souffrance qui s’active à la première déception, un classique… Bref ! Bingo ! Elle me parle d’elle. Elle me dit que je vais la détester car, comme mon ex, elle a eu tendance à cumuler (simultanément bien sûr) les petites copines. Oh mon dieu ! Je ne peux pas m’empêcher de lui exprimer mon indignation. Elle semble touchée par ma réaction et se referme un peu. Plus tard, elle me dira qu’elle cherche une vraie relation maintenant. Elle n’en dira pas plus… Cela signifie donc qu’elle est célibataire et qu’elle veut commencer une relation stable. Avec elle, il faut jouer aux devinettes. Je sens que les questions trop frontales sur sa vie privée la ferme comme une huître. Je la trouve bien secrète, cette jolie créature. Je dois avouer que ça attise encore plus ma curiosité et mon désir naissant…

La soirée tout comme la journée sont passées à une allure vertigineuse. Jamais, je n’ai passé autant de temps avec une rencontre du net. Vient le moment des au revoirs, le moment où, logiquement, on se dit « à bientôt », parfois on s’embrasse, souvent on est soulagé de partir… Et bien, moi, je suis restée muette, là, au milieu du brouhaha et des bousculades des Halles. Je m’interroge intérieurement : mais que pense-t-elle ? Qu’est-ce que je dois lui dire ? Je ne vais tout de même pas me comporter de la même façon que ces filles trop pressées que je critique moi-même ??? Pourtant, j'ai envie de l'embrasser, elle sent si bon... Et bien, ni une, ni deux, ma belle a pris les devants et m’a vigoureusement fait la bise avant de disparaître vers les escalators qui mènent au RER. Et moi, je me souviens, je l’ai regardée partir, je suis restée là, un peu conne et surprise de son attitude… Elle ne m’a rien dit. Veut-elle me revoir ? Je me dirige vers mon quai, grimpe dans le RER et guette mon portable… Peut-être va-t-elle m’envoyer un SMS ? Terminus du RER, je descends, toujours rien… Moi non plus, je n’enverrai rien, de toute façon, ce n’est pas mon genre. Je rentre chez moi. Je me connecte. Et là, mon visage s’illumine, elle est là. Peut-être m’attendait-elle ? Elle vient me parler, lance une petite blague et ensuite vient l’heure du bilan, des premières impressions échangées… Je me dis qu’il est hors de question qu’elle perçoive mes émois pour elle étant donné la façon dont elle est partie. Je lui dis que je suis ravie d’avoir rencontré une lesbienne normale et que j’ai passé une bonne journée, point. Je lui explique que son timbre de voix m’a surprise, ainsi que son look ; c'est dans l’espoir de brouiller les pistes et de ne pas dire ce que je ressens. J'ai pourtant la désagréable sensation qu'elle peut lire en moi comme dans un livre ouvert. De son côté, elle ne déborde pas de démonstrations. Pas un compliment ! Pas un seul ! Elle a juste le culot de me rétorquer qu'elle me croyait plus grande... Toutefois, elle semble satisfaite de sa journée et a l’air de vouloir garder contact. Quoi qu’il en soit, pour moi, ça me paraît fichu d’un point de vue sentimental ! Je ne lui plais pas. Pourtant, je me sens prise au piège dans un mélange gluant de frustration, de contentement et de pensées niaises pour elle…

jeudi 23 juillet 2009

Réflexions 1

En ce moment, je réfléchis à la façon dont moi, lesbienne, je peux me donner de la force et des arguments face à l'homophobie ambiante, des arguments pour moi et pour les autres. On a beau dire que c'est de plus en plus toléré, accepté... Toujours est-il, qu'en France, si on veut un enfant, il faut se mettre dans l'illégalité ; qu'après s'être mises dans l'illégalité pour avoir un enfant avec sa compagne, cette dernière n'aura aucun droit sur l'enfant... Bref, je pense qu'on pourrait écrire une liste exhaustive de tous les dommages et inconvénients que l'on doit accepter quand on est homosexuelle... D'ailleurs, quand on y pense, "s'assumer", c'est quoi ? C'est probablement en partie décider qu'on va accepter de vivre notre différence et de supporter cette part d'homophobie...

Je me souviens que lorsque mon premier désir pour une femme (que je me manquerai pas de romancer ici) a émergé, je me suis sentie totalement désarçonnée, et cela pendant de très longs mois. J'ai cherché des repères. Tout me semblait subitement étrange autour de moi. J'avais réellement cette impression d'être une extra-terrestre. Bref, tout ça pour dire que la lecture de forums de filles partageant leurs vécus, les sorties dans le milieu (à petites doses) et les lectures d'ouvrages m'ont beaucoup aidée...

Il en est un qui est, ma foy, bien écrit et accessible : "comprendre l'homosexualité" de Marina Casteneda. J'aimerais m'inspirer de cet ouvrage dans un premier temps pour, parallèlement à mes petites histoires, nourrir différentes réflexions autour de l'homosexualité...