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vendredi 24 juillet 2009

CHAPITRE 3

C’est le début de la soirée et on se restaure dans une cantine lesbienne. Installées confortablement, je continue à l’observer, un vrai régal pour les yeux. Je commence à m’interroger sur sa vie sentimentale. Bon… elle cherche des potes… Elle doit avoir une copine, belle comme elle est… La meilleure façon de savoir serait d’aborder ma vie personnelle… Les gens se sentent souvent obligés de vous donner un peu de leur intimité quand ils ont gouté à la votre. Je me lance, je lui explique ma catastrophique histoire, mon unique coup de cœur pour une fille, la première. J’aborde brièvement ce que j’appelle « mon papillonnage » qui a suivi cette déception. Oui, la terrible chaîne de la souffrance qui s’active à la première déception, un classique… Bref ! Bingo ! Elle me parle d’elle. Elle me dit que je vais la détester car, comme mon ex, elle a eu tendance à cumuler (simultanément bien sûr) les petites copines. Oh mon dieu ! Je ne peux pas m’empêcher de lui exprimer mon indignation. Elle semble touchée par ma réaction et se referme un peu. Plus tard, elle me dira qu’elle cherche une vraie relation maintenant. Elle n’en dira pas plus… Cela signifie donc qu’elle est célibataire et qu’elle veut commencer une relation stable. Avec elle, il faut jouer aux devinettes. Je sens que les questions trop frontales sur sa vie privée la ferme comme une huître. Je la trouve bien secrète, cette jolie créature. Je dois avouer que ça attise encore plus ma curiosité et mon désir naissant…

La soirée tout comme la journée sont passées à une allure vertigineuse. Jamais, je n’ai passé autant de temps avec une rencontre du net. Vient le moment des au revoirs, le moment où, logiquement, on se dit « à bientôt », parfois on s’embrasse, souvent on est soulagé de partir… Et bien, moi, je suis restée muette, là, au milieu du brouhaha et des bousculades des Halles. Je m’interroge intérieurement : mais que pense-t-elle ? Qu’est-ce que je dois lui dire ? Je ne vais tout de même pas me comporter de la même façon que ces filles trop pressées que je critique moi-même ??? Pourtant, j'ai envie de l'embrasser, elle sent si bon... Et bien, ni une, ni deux, ma belle a pris les devants et m’a vigoureusement fait la bise avant de disparaître vers les escalators qui mènent au RER. Et moi, je me souviens, je l’ai regardée partir, je suis restée là, un peu conne et surprise de son attitude… Elle ne m’a rien dit. Veut-elle me revoir ? Je me dirige vers mon quai, grimpe dans le RER et guette mon portable… Peut-être va-t-elle m’envoyer un SMS ? Terminus du RER, je descends, toujours rien… Moi non plus, je n’enverrai rien, de toute façon, ce n’est pas mon genre. Je rentre chez moi. Je me connecte. Et là, mon visage s’illumine, elle est là. Peut-être m’attendait-elle ? Elle vient me parler, lance une petite blague et ensuite vient l’heure du bilan, des premières impressions échangées… Je me dis qu’il est hors de question qu’elle perçoive mes émois pour elle étant donné la façon dont elle est partie. Je lui dis que je suis ravie d’avoir rencontré une lesbienne normale et que j’ai passé une bonne journée, point. Je lui explique que son timbre de voix m’a surprise, ainsi que son look ; c'est dans l’espoir de brouiller les pistes et de ne pas dire ce que je ressens. J'ai pourtant la désagréable sensation qu'elle peut lire en moi comme dans un livre ouvert. De son côté, elle ne déborde pas de démonstrations. Pas un compliment ! Pas un seul ! Elle a juste le culot de me rétorquer qu'elle me croyait plus grande... Toutefois, elle semble satisfaite de sa journée et a l’air de vouloir garder contact. Quoi qu’il en soit, pour moi, ça me paraît fichu d’un point de vue sentimental ! Je ne lui plais pas. Pourtant, je me sens prise au piège dans un mélange gluant de frustration, de contentement et de pensées niaises pour elle…

1 commentaire:

  1. Voilà pour la suite de mon histoire...

    On s'est revu quelques temps après et ça s'est passé un peu comme la 1ère fois. On était toutes les 2 très stressées, moi qui parlais beaucoup, elle qui se taisait. Je parlais plutôt de généralités, principalement sur l'amour. Je lui racontais ce que j'espérai trouver, chose dont on avait déjà longuement parlé dans nos mails et elle me disait qu'elle souhaitait la même chose. Je lui est même dit que peut-être j'avais déjà rencontré la femme que je cherchais mais que je l'avais laissée filer par peur d'être rejetée (sous-entendu, je l'ai en face de moi mais je vais peut-être être trop stupide pour forcer ma chance). Elle m'a répondu que selon elle, si une personne est faite pour nous, elle finira par recroiser notre route un jour ou l'autre. Ca peut paraître naïf de penser ça mais c'est un aspect de sa personnalité que j'aime chez elle. Malgré les blessures amoureuses qu'elle a subit, elle a su garder (ou retrouver) cette capacité à rêver. Et puis de ce côté-là je suis comme elle une éternelle rêveuse.
    On s'est quittée une nouvelle fois sans que rien ne se passe car j'étais certaine qu'elle ne me voyait pas ainsi.
    Ensuite, on s'est remis à échanger des mails où j'oscillais entre l'espoir qu'elle veuille plus et la résignation. Elle me disait des choses qui me faisaient croire qu'elle était interessée comme par exemple, elle m'a raconté qu'après notre 2ème rendez-vous, elle avait appelé sa meilleure amie en pleine nuit pour lui dire qu'elle était ininteressante, que je ne voudrais jamais la revoir... Je me suis dit qu'on appelle pas quelqu'un pour ça si on souhaite rester amie avec la personne en question. Et dans le même temps, elle continuait à me décrire la personne qu'elle voulait rencontrer sans se rendre compte que c'était vraiment dur pour moi de lire ce genre de choses.
    Ce qu'il faut savoir sur moi c'est que je reste persuadée de ne pas pouvoir plaire alors même si une personne me met une immense pancarte devant les yeux pour me dire que je l'interesse, je continuerai à penser le contraire. Quand je parlais à mes amis de tout ce qu'elle pouvait me dire, ils me disaient que ça ne faisait aucun doute pour eux que je l'interessais, moi j'étais certaine du contraire. Je suis sure que beaucoup à ma place aurait tenté quelque chose bien plus tôt. Oui mais ma timidité dans ce domaine a vraiment été un handicap.

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