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vendredi 31 juillet 2009

CHAPITRE 6

J’ai décidé de donner des noms à mes personnages. J'ai procédé aux modifications dans les précédents chapitres.

M pour Maxine,
R pour Romy,
A pour Adèle et
D pour Dorine !

Le soir même de cette révélation, je décide de me rendre en province chez mes amis pour fêter la musique. J’arrive là-bas dépitée. Je ne peux pas m’empêcher d’y penser. Je ne comprends pas. Je n’en peux plus, je décide alors de lui dire le fond de ma pensée par texto, je savais que si je l’appelais, je ne parviendrais pas à dire ce que je pense.

Je réfléchis alors à ce que je vais lui dire. Je savais que mon coup de gueule n’était pas tout à fait légitime car la situation était ambigüe, à l’image de Maxine : elle ne m’avait rien promis mais rien démenti non plus. Je ne pouvais pas lui dire : pourquoi tu m’as fait croire que tu étais célibataire ? pourquoi tu m’as laissé m’attacher à toi alors que tu collectionnes les gonzesses comme des timbres ??? Non, je ne pouvais décemment pas… Adèle m’avait expliqué que Maxine voulait me caser avec une des filles de son groupe : Sophie. Je ne savais pas si Adèle me disait la vérité ou si elle cherchait à me faire croire que Maxine ne s’intéressait pas à moi. Quoi qu’il en soit, j’ai profité de cette histoire comme d’un prétexte pour me décharger sur celle qui occupait mon esprit à temps plein. L’inspiration ne se fait pas attendre :

« Salut ! Je n’ai pas besoin de toi pour me caser et que je me serais bien passée d’être le nouveau bout de bidoche que tu balances à tes potes célibataires !! ». Sa réaction ne s’est pas fait attendre. Elle me renvoie à son tour un sms laissant transparaître de la stupéfaction. « Quoi ??? Mais qu’est-ce que tu racontes, ce n’est pas de ma faute si tu plais à mes copines célibataires !! ». A vrai dire, sa réponse ne me satisfait pas… Evidemment, cela ne peut pas me satisfaire puisque je ne lui exprime pas réellement les causes de ma colère ! Bref. A son message, je réponds ni une, ni deux : « c’est ça continue de me prendre, pour une conne, j’adoooore ». Je me sens soulagée, mais au fond de moi, j’ai peur qu’elle me jette, qu’elle ne me réponde plus… La sonnerie de mon téléphone me signale pourtant un nouveau message… « Je suis désolée si tu le prends comme ça, mais je n’ai jamais voulu te prendre pour une conne… ». Que lui répondre ? Quelque part, sa réaction me fait plaisir… Mon téléphone se met à chanter, c’est Adèle ! Je décroche. Elle me demande des explications car Maxine lui a téléphoné furax il y a quelques instants !

Adèle : mais qu’est-ce que tu lui as dit ??
Moi : et bien qu’elle m’avait prise pour une conne en essayant de me refourguer comme un bout de barbaque à ses potes homos !
Adèle : Tu ne lui as rien dit d’autres ??
Moi : non, je t’ai promis de ne rien lui dire…
Adèle : bah en tout cas, ça a l’air de la faire grave chier que tu penses ça… elle était trop énervée sur moi ! Elle m’a demandé ce que je t’avais raconté.
Moi : je suis désolée, mais j’étais énervée. Tu as peut-être peur d’elle et de ses réactions, mais pas moi ! Je m’en tape, je déteste qu’on se paye ma tête…

Quel joli mensonge… En réalité, je me sens comme Adèle… J’ai vraiment peur de perdre Maxine, alors que je la connais à peine. Je tombe si rarement amoureuse que je n’ai pas envie de passer à côté d’une potentielle histoire… Je raccroche et décide de ne plus donner signe de vie à Maxine jusqu’à la fin de mon week-end en province. Je me sens forte de la laisser dans le silence, dans le doute, comme elle le fait peut-être avec moi. Je reprends un maigre contrôle de la situation…

De retour à Paris, je me connecte en espérant de tout cœur la voir connectée aussi… Je vois son pseudo s’afficher « MaXiNe » en ligne… Je me fais violence pour ne pas engager la conversation. Un risque qui paye puisqu’elle vient me parler après quelques minutes. Elle essaye d’en savoir plus et me fait part de son incompréhension au sujet à ma réaction. Je n’ai pas envie de lui parler de ça via un écran ! Et puis, elle me manque, ça fait déjà quelques jours que je ne l’ai pas vue… Je lui propose alors une explication en face à face. L’idée de la voir l’après-midi même me coupe l’appétit. On se donne RDV à Hôtel de ville. Lorsque je sors de la bouche de métro, je l’aperçois immédiatement (comme si j’avais un Maxineradar). Elle m’attend, la mine sombre, accoudée à une barrière… Mes viscères se contractent à mesure que je m’approche d’elle. C’est fou comme elle me trouble. Au fond de moi, je lui avais déjà pardonné. Elle ne m’avait rien promis, rien laissé entendre sur des éventuelles attirances, donc pas menti… Elle avait laissé planer un doute, joué la carte de l’ambiguïté… et de l’omission ! Bref… Elle avait chaussé ses rollers. Elle roulait divinement bien, ce qui ne me laissait décidément pas indifférente. Nous marchons, enfin je marche tandis qu’elle patine dans le silence, et après s’être installées sur un muret, je commence à m’expliquer.

Moi : Ecoute, Adèle m’a dit que tu voulais me caser avec l’autre. Tu te doutes qu’elle ne me plait pas non ??
Maxine : Je n’ai jamais eu l’intention de te caser avec elle. Ce n’est pas de ma faute si tu lui plais ! Si ?
Moi : Moui… Mais je sais pas, j’ai cru…

On se regarde, enfin furtivement car j’ai trop peur qu’elle devine mon désir pour elle. Son visage… ses lèvres, j’ai tellement envie d’y gouter… il faut que je me reprenne ! Je ne dois pas oublier que je suis sensée être en colère, moi !

Moi : Bon, puis, je dois t’avouer quelque-chose…

Maxine est si belle, si attirante que je décide de trahir Adèle et de tout raconter.

Moi : Puis, je suis au courant de ta situation : Adèle, Dorine et Romy…

Elle ne semble pas ébranlée par ma révélation, à vrai dire, je n’arrive pas à déceler comment elle reçoit ce que je viens de lui avouer. Elle devait probablement se douter que je le savais.

Maxine
: Oui, je sais, je suis dans la merde, je me suis enfoncée dans une situation qui ne me convient plus...

Je dois absolument lui montrer que ma colère n’était pas du à d’éventuels espoirs de ma part de construire une histoire avec elle. Je feins alors de la conseiller comme une pote voire même de me moquer un peu d’elle.

Moi : Oui, t’es un sacré numéro dis-donc ! T’es pas dans la merde, car la Adèle, elle est croc de toi ! T’es un vrai bourreau des cœurs, toi !

Elle n’est pas du genre à s’étaler sur ses sentiments, un autre silence s’installe, je reprends alors la conversation…

Moi : Puis bon, je dois t’avouer que ça m’a fait chier que tu ne m’en parles pas… Je n’ai pas compris pourquoi tu avais agi comme ça avec moi…

Je l’ai alors regardée, espérant très fort une réponse de sa part. Mais c’est à un mur que je me suis cognée… Elle n’a rien dit, il y avait juste le bruit de la ville… Moi, je n’ai pas trouvé le courage de lui dire qu’elle me plaisait, non seulement parce que j’avais bien trop peur de me prendre un vent, mais aussi parce que sa vie était déjà bien assez compliquée.

Toujours Moi : écoute, je ne te juge pas, on fait ce qu’on peut dans la vie. Je suis là pour toi si tu veux en parler (c’était pas gagné ça !). Tu sais, je n’ai pas d’amie lesbienne, il y a toujours une sorte d’ambigüité… Je serais ravie qu’on devienne amies toi et moi… Par contre, j’avais promis à Adèle de ne pas te le dire, donc si tu pouvais éviter de lui dire que je l’ai fait…

Maxine : Ne t’inquiètes pas, je ne dirai rien.

Je ne sais pas pourquoi je lui ai dit ça, puisque précisément avec elle, c’était particulièrement ambigu… mais c’est tout ce que j’ai trouvé sur l’instant pour être au plus proche d’elle… si taciturne et renfermée sur ses émotions. On s’est quittée en bon terme. J’étais extrêmement soulagée du dénouement car j’avais compris une chose qui me rassurait, elle ne se présentait pas comme épanouie dans ses multiples relations amoureuses… Mais est-ce que c’était sincère ou juste une façon de me manipuler pour ajouter un petit "1" à son carnet de chasse ? j’allais le découvrir progressivement.

6 commentaires:

  1. Bonjour,

    Par honnêteté, je dois annoncer que je suis un homme. Je m'interesse à l'homosexualité, au delà des a priori, et des images d'Epinal qu'on s'en fait très souvent.
    J'ai lu votre blog avec intérêt, et votre histoire (en tout cas le début) en tant que fiction entretient un suspense qui insiste à la lecture !
    Mais pour la part de vrai qu'elle contient... elle est effrayante ! Et malheureusement symptomatiques de certains troubles de notre époque. Les personnages pourrait très bien être hétéros, les sentiments n'ont pas de sexes. On ne doute pas jusque là des sentiments du personnage principal. Mais Maxine est destructrice autant pour elle-même que pour les autres ! Personne ne s'épanouie pour l'instant dans votre récit. Trop souvent on rencontre des gens qui sont en couple par peur du vide, pour ne pas être seul. D'autres aussi jouent de leur sensualité et de leur corp jusqu'a ne pas pouvoir ressentir autre chose que des plaisir immédiats, sans lendemains. D'autre enfin aime posséder, ou se sentir aimer, mais ce n'est pas un sentiment amoureux, c'est de l'égoïsme... Alors, on ne peut que souffir, être déçus... Et blasé.
    Votre récit traduit très bien cela.
    Le vrai sentiment amoureux, c'est quelque chose qui se partage, et qui rend heureux, et oul'on se construit... Et que ce soit entre une femme et une femme, entre une femme et un homme, entre un homme et un homme, ça peut durer très longtemps ! Il ne faut jamais cesser d'y croire. Ce que je dis n'est pas pas très "A la mode", mais peu importe. Notre époque est tellement pessimiste...
    Surtout ne voyez pas en moi un moraliste, et je ne me permets surtout pas de juger ! Je vous fais par seulement de ce que votre texte m'inspire. Et je souhaite que votre vie ne soit pas autant le champs de bataille que vous décrivez dans votre fiction. en tout cas, je vous souhaite qu'il n'en soit pas toujours ainsi...

    A bientôt

    Aurélien

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  2. j'adore ton histoire

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  3. quelle belle lecture!
    je suis conquise par ton écriture, quand à ton histoire de vie, prenante, intriguante, paradoxale, complexe et empreint à la fois de désir et de colère, elle me rapelle quelque chose...

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  4. à bientôt peut-être...
    ici ou ailleurs...

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  5. j'aime bien vitre histoire maus vous n'avez pas mentionnez la fin :/

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